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Le rôle de la faune aviaire dans la circulation des nutriments : l'impact des cormorans à aigrettes sur une forêt de la Minganie
Félix Henri, Julie Talbot
Les grandes colonies d’oiseaux agissent en architectes d’écosystèmes grâce à leur capacité de modifier chimiquement et physiquement les environnements qu’elles habitent. Cette fonction est bien documentée chez les cormorans à aigrettes, une espèce qui niche dans les arbres, en Amérique du Nord, mais son impact en milieu boréal est peu étudié.
L’objectif principal de notre étude est d’établir une chronoséquence de 50 ans des changements dans la composition végétale et dans l’état nutritif des sols (structure du sol, macro et micronutriments, pH) d’un espace modifié par une cormorandière de l’archipel de Mingan, sur la Côte-Nord, au Québec.
Les cormorans ont transformé 19 hectares d’une sapinière en un écosystème dominé par des framboisiers, avec un assemblage de fougères et de groseilliers. Nos résultats indiquent des pics de concentration élevés en azote et en phosphore à la surface des sols dans les zones transformées depuis moins de 20 ans. Les zones affectées depuis longtemps sont plus productives et un épais couvert de matière organique (60 cm et plus) isole les horizons minéraux de la surface.
Contrairement aux études similaires en milieu tempéré, nous n’observons pas d’impact en profondeur dans les sols. La fragilité des conifères force la colonie à se déplacer constamment, réduisant l'impact à long terme sur la chimie des sols, mais augmentant la superficie transformée. La réduction de la diversité végétale est significative et la repousse des sapins baumiers est inhibée par l’ouverture complète de la canopée, l’accumulation de matière organique et la densité de la succession végétale.