Anne-Marie Blanchette, Dominique Fauteux, Pierre Legagneux, Esther Levesque
Impact du broutement des lemming sur la végétation et la fertilité des sols dans le Haut-Arctique canadien
Les lemmings sont de petits rongeurs à la base de la chaîne alimentaire du Haut-Arctique. Les densités de populations de ces herbivores fluctuent dans le temps de manière importante sur des cycles de 3-4 ans, notamment en fonction de l’abondance de leurs nombreux prédateurs. Sur l’île Bylot (Nunavut; 73°N, 80°O), on retrouve le lemming variable et le lemming brun. Bien que l'impact du broutement de ces deux espèces sur les saules est très peu connu, nous savons que ceux-ci en consomment une quantité non négligeable (84 et 56 % respectivement de leur alimentation hivernale). Il est donc possible de supposer que ces micromammifères ont un impact significatif à long terme sur la morphologie, l'abondance, ainsi que la croissance de Salix arctica. Pendant 10 ans (2013-2023), un exclos anti-prédateurs de 8.6 hectares a protégé une population de lemmings, doublant en moyenne sa densité. Cet exclos anti-prédateurs nous a ainsi permis d'étudier les effets d'un broutement augmenté prolongé sur des ramets de saules, en comparaison à un broutement normal (milieu non contrôlé) et à une absence de broutement (exclos à lemmings), grâce à des échantillons prélevés en 2023-2024. Nos résultats suggèrent que le broutement des lemmings aurait peu d'impacts notamment sur le nombre de feuilles, de chatons et de bourgeons de Salix arctica, mais qu'il pourrait en avoir sur la croissance de l'espèce, ainsi que sur la fertilité des sols.